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Production scientifique

Résumé du rapport scientifique à mi-parcours Globalmed

Le programme de recherche GLOBALMED porte sur le marché global du médicament, objet privilégié pour analyser les sociétés contemporaines et comprendre les évolutions qu’elles connaissent. Il se propose d’étudier les réalités que recouvre ce marché, tant en ce qui concerne l’offre (politiques publiques, production, distribution) que la demande (usages, consommation) dans trois pays du Sud (Bénin, Ghana, Cambodge), dont les systèmes pharmaceutiques présentent des différences importantes. Son ambition théorique est de confronter le phénomène du marché global du médicament aux analyses portant sur le (néo)libéralisme économique et politique. Pour cela, nous avons choisi d’utiliser comme porte d’entrée les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA), traitements recommandés depuis les années 2000 en première intention contre le paludisme. Le projet associe l’anthropologie, la sociologie et l’épidémiologie et fournit ainsi une vision intégrée de la « chaîne du médicament », depuis sa production et jusqu’à sa consommation. L’équipe de recherche est constituée autour de la PI, Carine Baxerres, de 5 autres chercheurs (1 du Bénin, 1 du Ghana, 3 de France) et de plusieurs étudiants béninois, ghanéens, cambodgiens et français (4 doctorants, 5 masters, 7assistants de recherche).

Depuis l’année 2014, sont développées des études empiriques portant sur les marchés pharmaceutiques et les modes de régulation qui les structurent effectivement dans les trois pays considérés. Les impacts individuels et de santé publique de ces marchés sur la consommation pharmaceutique sont investigués. A mi-parcours du projet, alors que l’analyse des données a tout juste démarré, apparaissent des résultats novateurs et approfondis sur 5 aspects importants :

1) Les marchés du médicament entre santé publique et commerce : typologie des acteurs impliqués, hiérarchie des marchés, circulations transfrontalières des produits, modalités de la mise en concurrence, enjeux autour du monopole du pharmacien ;

2) La construction des appareils politiques au Sud entre dépendance et prise de leadership : interactions entre acteurs nationaux, régionaux et transnationaux, mécanismes de mise à disposition des CTA, outils de régulation et de contrôle des marchés, structuration des agences de régulation nationale ;

3) Enjeux et relance de la production locale en Afrique : histoire de la production locale, typologie des firmes impliquées, controverses sur la viabilité des productions locales en termes de coûts de production et de standards de fabrication et de qualité ;

4) Pharmaceuticalisation des systèmes de santé : diversité de l’offre biomédicale (publique, communautaire, privée, confessionnelle, informelle), modalités des prescriptions, accessibilité et disponibilité des produits, impact de la mise en place d’une assurance santé ;

5) Consommation pharmaceutique sous influences : construction des savoirs populaires, perceptions des médicaments (provenance, qualité, effets), types d’usages développés (automédication), influence des producteurs et des distributeurs.

La description et l’analyse de ces questions bénéficie de la comparaison des situations en cours dans les trois pays étudiés, selon une approche historique emprunte de réflexions sur les situations postcoloniales. Globalmed permettra de souligner les tensions existant entreGlobalisation, à travers le marché des donateurs et des régulateurs globaux (OMS, Fond Mondial, USAID, etc.) etLocalisationdes marchés et des productions, à travers les nombreux grossistes et détaillants privés et informels, les firmes locales qui se renouvellent, les appareils de régulation nationaux et régionaux en cours de renforcement. Autre ligne de tensions, il mettra en avant les décalages et ajustements entre des politiques de santé globale promouvant des marchés subventionnés qui distribuent des volumes de médicaments d’autant plus importants que les usages ne sont pas toujours guidés par des tests biologiques, et des usages locaux façonnés par les réseaux domestiques et les marchés dans un contexte de faible recours aux prescriptions médicales ou pharmaceutiques. La pharmaceuticalisation dans le champ du paludisme est à la fois produite par les recommandations de l’OMS, les financements et la régulation du Fonds Mondial, la forte prégnance des marchés locaux peu contraints par une faible régulation pharmaceutique et les subjectivités des consommateurs comme des prescripteurs.